Résumé : Dans de nombreux pays occidentaux, y compris chez nous, la conversation démocratique prend parfois ces jours-ci des formes aussi inattendues que préoccupantes. La censure et l’autocensure apparaissent dans le monde de l’art ; certains propos sont – et c’est inédit – explicitement interdits (loi 103 au Québec) ou suscitent un tel malaise qu’on n’ose plus les avancer ; on voit émerger, particulièrement sur les réseaux sociaux, une privatisation des éventuelles limites à apporter à la liberté d’expression ; les universités, lieux-sanctuaires de la liberté académique, deviennent des endroits où on proscrit certaines positions jugées offensantes. Tout cela se passe à grande vitesse, dans une atmosphère où se mêlent crise des médias, fake news, entrée dans une supposée ère de la postvérité, déploiement d’un militantisme politique marqué par ce qu’on appelle désormais les « politiques de l’identité », sans oublier une alléguée fracture de la gauche. Les textes réunis ici sont signés par des universitaires, des militant.es, des féministes, des philosophes et un juriste qui ont en commun de vouloir donner un état juste de la situation au Québec dans leur milieu respectif, de souhaiter dire dans quelle mesure il est légitime de s’inquiéter et, le cas échéant, ce qu’il conviendrait alors de faire. Textes de Annie-Ève Collin (féministe et philosophe), Diane Guilbault (présidente de Pour le droit des femmes du Québec), Rhéa Jean (auteure et philosophe), Jean-Marie Lafortune et Hans Poirier (respectivement président et professionnel de recherche de la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université), Jocelyn Maclure (philosophe et professeur), Maryse Potvin (politologue et sociologue), Michèle Sirois (anthropologue), Joseph Yvon Thériault (professeur et sociologue) et Pierre Trudel (chroniqueur au Devoir et professeur de droit).